jueves, 20 de septiembre de 2012

Giorgio Agamben. "Opus dei. Archéologie de l'office" (Seuil, París, 2012)




Opus Dei, l’« œuvre de Dieu » est l’expression qui désigne tout au long de l’histoire de l’Église catholique la liturgie, c’est-à-dire l’office du prêtre à qui incombe le « ministère du mystère ». Cette œuvre n’est-elle pas, en apparence, ce qu’il y a de plus séparé des pratiques qui régissent la vie des individus et des sociétés modernes ?

C’est cette séparation que l’enquête archéologique de Giorgio Agamben se propose de démasquer, en dévoilant les filiations inattendues et les liens cachés qui l’unissent à la modernité.

Comprendre le mystère de l’office signifie alors saisir l’influence considérable que cette pratique a exercée sur la manière dont notre culture a conçu son éthique comme sa politique, son économie comme son ontologie. Car le mystère de l’office n’est autre que le mystère de l’efficacité, à l’intérieur duquel ce que l’homme est se résume dans ce qu’il a à faire et où tout acte est un acte d’office. Du fonctionnaire au militant politique, de l’officier au professionnel, le paradigme de l’office n’a cessé de modeler la praxis des hommes : plus efficace que la loi, parce qu’il ne peut être transgressé ; plus réel que l’être, parce qu’il ne consiste que dans l’opération par laquelle il se fait réalité ; plus absolu que toute action humaine, parce qu’il agit indépendamment des qualités du sujet qui l’exerce.