Ce livre questionne l'intérêt passionné que Lacan a porté à Joyce dans les années 1975. Que cherchait-il dans ce retour à Joyce, lui qui avait déjà avancé une thèse sur Joyce en 1967 ? Joyce le symptôme ce n’est pas une interprétation de l’œuvre joycienne, c’est le diagnostic original d’une unicité, le contraire d’un type donc. Diagnostic d’une différence absolue, la seule digne d’un analyste. Que de son art Joyce se soit fait un nom de notoriété est une évidence, qui d’ailleurs ne le caractérise pas en propre mais, hypothèse du livre, la question majeure de Lacan en 1975 portait sur le comment, autrement dit sur le « savoir-faire » de l'artiste. Comment un art peut-il être borroméen, nouer imaginaire, symbolique et réel ? Les commentateurs de Joyce évoquent avec prédilection la singularité de son écriture, mais la thèse de Lacan est différente : Joyce c'est “l’artificier" d'un « l'art-dire », qui, sans l'arbre généalogique, fait du sujet un commencement. Cette thèse suppose quelques nouveaux éclairages concernant la fonction phallique, la forclusion, la parole, le Père du nom, bref l’au-delà de l'Œdipe et... une psychanalyse réinventée. Le livre interroge donc ce que Lacan aura attendu et appris de Joyce dans la lecture qu’il en a faite.