lunes, 27 de abril de 2009

Jacques Lacan. "Prefacio a la edición inglesa del Seminario XI" (en español y en francés)

Luego de la visita de Colette Soler a Buenos Aires y de su propuesta de revisar la noción del fin de análisis de la "Proposición..." del '67 comparándola con la del '76 en el "Prefacio a la edición inglesa del Seminario XI", muchos comenzaron a escribirme pidiéndome este texto. El posteo de hoy corresponde al mismo en su versión original en francés y la española más "oficial".
PP


Préface à l’édition anglaise du séminaire XI
(Ornicar ?, 1977, n° 12/13, pp. 124-126.)

(124)Quand l’esp d’un laps, soit puisque je n’écris qu’en français : l’espace d’un lapsus, n’a plus aucune portée de sens (ou interprétation), alors seulement on est sûr qu’on est dans l’inconscient. On le sait, soi.
Mais il suffit que s’y fasse attention pour qu’on en sorte. Pas d’amitié n’est là qui cet inconscient le supporte.
Resterait que je dise une vérité. Ce n’est pas le cas : je la rate. Il n’y a pas de vérité qui, à passer par l’attention, ne mente.
Ce qui n’empêche pas qu’on courre après.
Il y a une certaine façon de balancer stembrouille qui est satisfaisante pour d’autres raisons que formelles (symétrie par exemple). Comme satisfaction, elle ne s’atteint qu’à l’usage, à l’usage d’un particulier. Celui qu’on appelle dans le cas d’une psychanalyse (psych =, soit fiction d’-) analysant. Question de pur fait : des analysants, il y en a dans nos contrées. Fait de réalité humaine, ce que l’homme appelle réalité.
Notons que la psychanalyse a, depuis qu’elle ex-siste, changé. Inventée par un solitaire, théoricien incontestable de l’inconscient (qui n’est ce qu’on croit, je dis : l’inconscient, soit réel, qu’à m’en croire), elle se pratique maintenant en couple. Soyons exact, le solitaire en a donné l’exemple. Non sans abus pour ses disciples (car disciples, ils n’étaient que du fait que lui, ne sût pas ce qu’il faisait).
Ce que traduit l’idée qu’il en avait : peste, mais anodine là où il croyait la porter, le public s’en arrange.
Maintenant, soit sur le tard, j’y mets mon grain de sel : fait d’hystoire, autant dire d’hystérie : celle de mes collègues en l’occasion, cas infime, mais où je me trouvais pris d’aventure pour m’être intéressé à quelqu’un qui m’a fait glisser jusqu’à eux de m’avoir imposé Freud, l’Aimée de mathèse.
(125)J’eusse préféré oublier ça : mais on n’oublie pas ce que le public vous rappelle.
Donc il y a l’analyste à compter dans la cure. Il ne compterait pas, j’imagine, socialement, s’il n’y avait Freud à lui avoir frayé la voie. Freud, dis-je, pour le nommer lui. Car nommer quelqu’un analyste, personne ne peut le faire et Freud n’en a nommé aucun. Donner des bagues aux initiés, n’est pas nommer. D’où ma proposition que l’analyste ne s’hystorise que de lui-même : fait patent. Et même s’il se fait confirmer d’une hiérarchie.
Quelle hiérarchie pourrait lui confirmer d’être analyste, lui en donner le tampon ? Ce qu’un Cht me disait, c’est que je l’étais, né. Je répudie ce certificat : je ne suis pas un poète, mais un poème. Et qui s’écrit, malgré qu’il ait l’air d’ être sujet.
La question reste de ce qui peut pousser quiconque, surtout après une analyse, à s’hystoriser de lui-même.
Ça ne saurait être son propre mouvement puisque sur l’analyste, il en sait long, maintenant qu’il a liquidé, comme on dit, son transfert-pour. Comment peut-il lui venir l’idée de prendre le relais de cette fonction ?
Autrement dit y a-t-il des cas où une autre raison vous pousse à être analyste que de s’installer, c’est-à-dire de recevoir ce qu’on appelle couramment du fric, pour subvenir aux besoins de vos à-charge, au premier rang desquels vous vous trouvez vous-même, - selon la morale juive (celle où Freud en restait pour cette affaire).
Il faut avouer que la question (la question d’une autre raison) est exigible pour supporter le statut d’une profession, nouvelle-venue dans l’hystoire. Hystoire que nous ne disons pas éternelle parce que son aetas n’est sérieux qu’à se rapporter au nombre réel, c’est-à-dire au sériel de la limite.
Pourquoi dès lors ne pas soumettre cette profession à l’épreuve de cette vérité dont rêve la fonction dite inconscient, avec quoi elle tripote ? Le mirage de la vérité, dont seul le mensonge est à attendre (c’est ce qu’on appelle la résistance en termes polis) n’a d’autre terme que la satisfaction qui marque la fin de l’analyse.
Donner cette satisfaction étant l’urgence à quoi préside l’analyse, interrogeons comment quelqu’un peut se vouer à satisfaire ces cas d’urgence.
(126)Voilà un aspect singulier de cet amour du prochain mis en exergue par la tradition judaïque. Même à l’interpréter chrétiennement, c’est-à-dire comme jean-f. trerie hellénique, ce qui se présente à l’analyste est autre chose que le prochain : c’est le tout-venant d’une demande qui n’a rien à voir avec la rencontre (d’une personne de Samarie propre à dicter le devoir christique). L’offre est antérieure à la requête d’une urgence qu’on n’est pas sûr de satisfaire, sauf à l’avoir pesée.
D’où j’ai désigné de la passe cette mise à l’épreuve de l’hystorisation de l’analyse, en me gardant cette passe, de l’imposer à tous parce qu’il n’y a pas de tous en l’occasion, mais des épars désassortis. Je l’ai laissée à la disposition de ceux qui se risquent à témoigner au mieux de la vérité menteuse.
Je l’ai fait d’avoir produit la seule idée concevable de l’objet, celle de la cause du désir, soit de ce qui manque.
Le manque du manque fait le réel, qui ne sort que là, bouchon. Ce bouchon que supporte le terme de l’impossible, dont le peu que nous savons en matière de réel, montre l’antinomie à toute vraisemblance.
Je ne parlerai de Joyce où j’en suis cette année, que pour dire qu’il est la conséquence la plus simple d’un refus combien mental d’une psychanalyse, d’où est résulté que dans son œuvre, il l’illustre. Mais je n’ai fait encore qu’effleurer ça, vu mon embarras quant à l’art, où Freud se baignait non sans malheur.
Je signale que comme toujours les cas d’urgence m’empêtraient pendant que j’écrivais ça.
J’écris pourtant, dans la mesure où je crois le devoir, pour être au pair avec ces cas, faire avec eux la paire.

Paris, ce 17.V.76.

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Prefacio a la edición inglesa del Seminario XI
(en Intervenciones y Textos II, ed. Manantial)

Cuando el esp de un laps, o sea, dado que sólo escribo en francés [es también válido para el castellano]: el espacio de un lapsus, ya no tiene ningún alcance de sentido (o interpretación), tan sólo entonces puede uno estar seguro de que está en el inconsciente. Uno lo sabe, uno mismo [soi].
Pero basta con que se le preste atención para que uno salga de él. No hay allí amistad alguna que ese inconsciente soporte.
Quedaría que diga una verdad. No es el caso: la malogro. No hay verdad que, al pasar por la atención, no mienta.
Lo cual no impide que se corra tras ella.
Existe cierto modo de equilibrar estembrollo que es satisfactorio por razones diferentes a las formales (la simetría por ejemplo). Como satisfacción, sólo se alcanza en el uso, en el uso de un particular. Aquel que se llama en el caso de un psicoanálisis (psic=, o sea ficción de-) analizante. Cuestión de puro hecho: hay analizantes en nuestras comarcas. Hecho de realidad humana, de lo que el hombre llama realidad.
Observemos que el psicoanálisis, desde que ex-siste, cambió. Inventado por un solitario, teórico indiscutible del inconsciente (que no es lo que se cree, digo: el inconsciente, o sea lo real, sólo si se me cree al respecto), se practica ahora en pareja. Seamos exactos, el solitario dio su ejemplo. No sin abuso para sus discípulos (pues sólo eran discípulos debido al hecho de que él no sabía lo que hacía).
Lo cual traduce la idea que tenía de él: peste, pero anodina allí donde creía llevarla, el público se las arregló con ella.
Ahora, o sea tardíamente, lo sazono yo con mi grano de sal: hecho de hystoria, que equivale a decir de hysteria: la de mis colegas en esta ocasión, caso ínfimo, pero en el que me encontré preso por azar, por haberme interesado en alguien que me hizo deslizar hasta ellos por haberme impuesto a Freud, la Aimée de mi tesis, de matesis.(1)
Hubiera preferido olvidar eso: pero uno no olvida lo que el público le recuerda.
En la cura, por ende, hay que contar al analista. Imagino que no contaría, socialmente, si Freud no hubiera estado para desbrozarle el camino, Freud digo, para nombrarlo a él. Pues nadie puede nombrar analista a alguien y Freud no nombró a ninguno. Dar anillos a iniciados no es nombrar. A ello se debe mi proposición de que el analista no se hystoriza más que por sí mismo: 0 hecho patente. Y aun cuando se haga confirmar por una jerarquía.
¿Qué jerarquía podría confirmarlo como analista, darle ese sello? Eso me dijo un Cht, que yo lo era, de nacimiento. Repudio ese certificado: no soy un poeta, sino un poema. Y que se escribe, pese a que tiene aires de ser sujeto.
La pregunta sigue siendo la de qué puede impulsar a cualquiera. sobre todo después de un análisis, a hystorizarse por sí mismo.
No puede ser su propio movimiento, porque acerca del analista, sabe mucho, ahora que ha liquidado, como se dice, su transferencia-por. ¿Cómo puede ocurrírsele la idea de asumir el relevo de esa función?
En otras palabras, ¿hay casos en los que otra razón los impulsa a instalarse, es decir, a recibir lo que comúnmente llaman "pesos", para responder a las necesidades de quienes están a vuestro cargo, entre los que están en primer término ustedes mismos, de acuerdo con la moral judía ( a la que Freud se atenía en este asunto)?
Hay que reconocer que la pregunta ( la pregunta acerca de otra razón) es exigible para sostener el estatus de una profesión, recién llegada a la hystoria. Hystoria que no consideramos eterna porque su aetas sólo es serio al remitirse al número real, es decir, a lo serial del límite.
¿Por qué, entonces, no someter dicha profesión a la prueba de esa verdad con la que sueña la función llamada inconsciente, con la cual trafica? El espejismo de la verdad, del cual sólo puede esperarse la mentira (lo que cortésmente se denomina la resistencia) no tiene otro término más que la satisfacción que marca el final del análisis.
Siendo la urgencia de dar esta satisfacción lo que preside el análisis, interroguemos cómo alguien puede consagrarse a satisfacer esos casos de urgencia
Es éste un aspecto singular del amor al prójimo colocado como epígrafe por la tradición judaica. Incluso al interpretarlo cristianamente, es decir, joda helénica, lo que se presenta al analista es algo diferente al prójimo: es todo lo que llega de una demanda que nada tiene que ver con el encuentro (de una persona de Samaria, capaz de dictar el deber crístico). La oferta antecede al requerimiento de una urgencia que no se está seguro de satisfacer, salvo al haberla sopesado.
Por eso designé mediante el pase esa puesta a prueba de la hystorización del análisis, absteniéndome de imponer a todos dicho pase, porque en esta ocasión no existe el todos, sino dispersos mezclados. Lo dejé a disposición de quienes se arriesguen a dar fe del mejor modo posible de la mentirosa verdad.
Lo realicé por haber producido la única idea concebible del objeto, la de la causa del deseo, o sea, de lo que falta.
La falta de la falta constituye lo real, que sólo surge allí, como tapón. Ese tapón que sostiene el término de lo imposible, cuya antinomia con toda verosimilitud nos muestra lo poco que sabemos en materia de real.
No hablaré de Joyce, al que me dedico este año, salvo para decir que es la consecuencia más simple de un repudio harto mental de un psicoanálisis, que resulta haber ilustrado con su obra. Pero apenas lo he rozado, dado mi embarazo en lo que respecta al arte, en el que Freud se sumergía no sin tropiezos.
Señalo que, como siempre, mientras escribía esto los casos de urgencia me estorbaban.
Escribo. sin embargo, en la medida en que creo debo hacerlo, para estar a la altura de esos casos, para formar con ellos un par (2).

París, 1 7.V. 76


NOTAS

(1) Lacan escribe en francés mathèse, condensación de ma thèse, que remite a mathème, matema. [N-T]
(2) Lacan juega con la homofonía de étre au pair (estar a la altura) y le paire (el par)